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Du PIF pour professionnaliser leurs programmes

Les lauréats du Programme d'innovation en formation 2008-2009 sont maintenant connus

5 mars 2009

Jean-Sébastien Dubé, Service de soutien à la formation

Huit projets dans six facultés ont été retenus parmi une vingtaine proposés dans le cadre du concours 2008-2009 du Programme d'innovation en formation (PIF) aux 1er, 2e et 3e cycles. Ce concours s'adressait à des équipes souhaitant orienter le développement de leurs programmes dans la perspective d'un parcours de professionnalisation (voir encadré ci-bas). Visiblement, la thématique a suscité de l'intérêt et les vice-rectorats aux études sont fort satisfaits de la participation.

Toutes les équipes n'en sont pas au même point dans leur réflexion en vue de transformer leur programme en parcours. Le PIF se déployait donc en trois volets distincts : l'élaboration et la mise en œuvre, l'étude de faisabilité et la formalisation de parcours déjà en chantier.

Mise en œuvre

Le volet 1 du concours s'adressait à des équipes programmes ayant fait le choix d'élaborer et de mettre en œuvre un parcours de professionnalisation pour l'ensemble de leur programme. Ces équipes sont prêtes à se lancer, leur décision d'adopter l'approche parcours est prise.

«On s'apercevait que les étudiants apprenaient des choses en classe, mais ils n'étaient pas toujours capables d'utiliser ces connaissances dans l'action», explique Roch Hurtubise, directeur du Département de service social de la Faculté des lettres et sciences humaines. «La construction de l'identité professionnelle est importante pour nous. Notre programme ne doit pas être un cumul de cours de trois crédits, mais doit viser l'atteinte d'objectifs intermédiaires, une acquisition du métier petit à petit. Avec les parcours, le “savoir-agir comme professionnel” devient central», poursuit-il.

Quand la réflexion est de mise

Le volet 2 du concours visait des équipes programmes qui souhaitaient évaluer la faisabilité de mettre en œuvre un parcours de professionnalisation pour leur programme. Ces équipes se mettent en réflexion. Elles apprivoisent d'abord les concepts derrière l'approche parcours, explorent les conditions à réunir pour la mise en place de parcours et voient comment leur programme s'en trouverait modifié.

Denyse Rémillard, directrice des programmes de maîtrise en administration, est responsable d'un projet visant à définir des profils de compétence pour trois concentrations, soit en gestion internationale, en gestion du développement durable et en management public.

«Nous sommes en pleine réflexion sur la pertinence des formations que nous offrons, explique-t-elle. Est-ce que nos programmes satisfont les besoins du marché? Quelles sont les compétences requises pour que nos étudiants y soient bien accueillis? Comment maintenir un bon arrimage entre ces besoins, qui évoluent dans le temps, et nos méthodes d'enseignement?»

Mise en application

Le volet 3 du concours touchait des équipes programmes ayant déjà adopté le parcours de professionnalisation et qui sont en train de le bonifier et de développer des situations d'apprentissage pour ce parcours. Ces équipes repensent les modalités de leurs activités pédagogiques et d'évaluation afin de s'assurer que chacune contribue significativement aux étapes qui jalonnent le parcours.

Michel Boyer, directeur du Département de gestion de l'éducation et de la formation à la Faculté d'éducation, décrit le chemin parcouru et celui sur lequel son équipe s'engage : «Nous avons beaucoup réfléchi sur notre programme, mais tout cela restait virtuel. Maintenant, nous avons une nouvelle structure de programme qui représente un changement important, et nous voulons en systématiser l'application. Il nous faut élargir le projet, créer une nouvelle dynamique de collaboration dans l'équipe. Nous allons nous confronter aux pratiques sur le terrain, puis évaluer et nous réajuster. Vivre l'épreuve de la réalité.»

Soutenir l'innovation

Si la tâche qui attend ces pionniers s'annonce imposante, ceux-ci ne l'entreprennent pas seuls. D'une part, toutes les équipes programmes lauréates participeront à un comité de pilotage chapeauté par le directeur du Service de soutien à la formation (SSF). Ce comité servira de lieu d'échanges, favorisant l'émergence d'un véritable réseau de ces formateurs innovateurs. Au sein du comité, on colligera les informations utiles pour identifier des conditions favorables à la mise en place de parcours. Les constats établis favoriseront l'implantation de parcours dans d'autres programmes.

D'autre part, chaque équipe sera soutenue par le SSF. «Le Service de soutien à la formation accompagne les projets puisqu'il a développé une expertise qui se traduit notamment par l'élaboration du cadre de référence et la préparation d'outils de soutien, explique Serge Allary, directeur du SSF. Chaque nouveau projet accompagné constitue un terrain d'action pour le Service. Cela permet le développement continu d'un savoir-faire interne à l'UdeS, facilitant l'accompagnement d'autres équipes par la suite.»

Vous avez dit «parcours?»

Après avoir développé notamment les stages coopératifs et l'apprentissage par problèmes et par projets, l'UdeS capitalise sur ses succès et se positionne encore comme une force d'innovation en formation. Elle choisit d'orienter le développement de ses programmes à visée professionnelle afin d'en faire de véritables parcours de professionnalisation.

À la suite d'une conférence marquante donnée par Guy Le Boterf en 2004, une réflexion collective s'amorce à l'Université autour des approches par compétences. Des professeurs de diverses facultés choisissent de se réunir pour approfondir cette thématique. Des consultations auprès d'une quarantaine de programmes sont menées. À l'automne 2006, la direction donne à Guy Le Boterf le mandat de tracer un portrait de l'approche par compétences à l'UdeS et d'émettre des recommandations. Enfin, le Plan d'action stratégique 2006-2010 – Volet études fait des parcours de professionnalisation une orientation institutionnelle.

L'approche parcours postule qu'un professionnel sait agir avec compétence lorsqu'il sait mettre à profit différentes ressources à sa disposition dans des situations professionnelles complexes. Au moment de concevoir un programme sous forme de parcours, plutôt que de dresser la liste de tous les savoirs ou de toutes les compétences nécessaires aux futurs diplômés, on se posera les questions suivantes : Dans quelles situations professionnelles un thérapeute, un gestionnaire, un enseignant doit agir avec compétence? À quoi reconnaîtra-t-on qu'il agira avec compétence dans ces situations?

Par exemple, planifier le développement de systèmes d'énergie électrique serait une situation professionnelle type en génie. De telles situations types, soigneusement choisies pour les apprentissages qu'elles susciteront, jalonnent un programme-parcours en une progression vers des contextes de pratique de plus en plus complexes et vers l'acquisition de savoirs de plus en plus approfondis.

Dans un parcours, les activités pédagogiques ne viseront pas seulement à faire acquérir des connaissances et des habiletés aux étudiants. On voudra aussi les entraîner à utiliser ces ressources en situation professionnelle (par des simulations, des stages), de même qu'à prendre du recul par rapport à la pratique et à l'acquisition même de connaissances (récit de pratique, portfolio). La maîtrise des apprentissages nécessaires à l'accomplissement de ces situations professionnelles correspondra à autant d'objectifs intermédiaires du parcours, ce qui suppose de repenser les moments et les modes d'évaluation.

Pour Sylvie Mathieu, conseillère pédagogique au Service de soutien à la formation, l'adaptation d'un programme pour en faire un parcours nécessite un investissement majeur en temps et en énergie, de même qu'un travail de collaboration soutenu du personnel enseignant : «Il s'agit d'une démarche rigoureuse, mais elle permet d'obtenir des gains réels en termes de cohérence du programme, d'intégration des apprentissages et d'amélioration de la formation des étudiants.»